Balle pelote : Nostalgie, nostalgie...


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L'historique des championnats

 célèbres et tournois renommés à

 travers un siècle de jeu de balle.

par Francis PAULUS.


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Texte envoyé le 12 mars 2019

Camille Rasson

Conservateur


La Petite Reine blanche moderne est née !


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Laurent BONNIVER, vice-Président du M.N.J.P.
16/05/2018


 

Les Champions de Belgique de l'élite

 national de 1920 à nos jours.


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« Et si le tracé d’un ballodrome avait une origine bien plus lointaine et surtout plus scientifique que ce que nous croyons connaître… »

D’après une étude de Monsieur Alain Philippart  Rue infante Isabelle, 3 à 7180 Seneffe (22/10/2017).

 


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Marcinelle

 

Il y a ½ siècle et plus… la catastrophe de Marcinelle a embrayé

la solidarité indéfectible du monde ballant.




« Tutti Cadaveri », l’inoubliable cri prononcé par l’équipe de sauveteurs découvrant ainsi les cadavres des mineurs prisonniers à l’étage 1035, nous remémore à tous la cruelle réalité de la catastrophe de Marcinelle. Le 8 août 1956, la Belgique, et le monde entier, grâce notamment aux retransmissions en direct effectuées par une télévision naissante, étaient ainsi confrontés à ce tragique évènement qui allait endeuiller 262 familles. En effet, ce 8 août à 08h10. 274 mineurs commencent leur dur labeur, dans les galeries glauques et noires de la mine, lorsqu’une manœuvre de remontée de wagonnets chargés de charbon vers la surface, tourne à la tragédie. Un des chariots mal engagé fait saillie de la cage métallique qui le hisse et accroche ainsi, lors de son passage dans le puits étroit, une poutrelle ; celle-ci sectionne alors deux câbles électriques à haute tension, une conduite d’huile sous pression et un tuyau d’air comprimé. Les boiseries s’enflamment aussitôt, l’incendie se propage rapidement attisé par l’action d’un ventilateur, les gaz carboniques mortels ainsi propulsés dans les galeries où s’échinent les mineurs à plus de 900 mètres, vouent ces derniers à une fin tragique. Un simple incident technique s’est transformé en véritable catastrophe…

 

(ci-dessous, monument érigé à la mémoire des victimes du Bois du Cazier)

(Stèle érigée à la mémoire des victimes de Marcinelle)

 

On connaît la suite tragique, la mise en exergue des mauvaises conditions de travail, le manque de sécurité, la médiatisation de cet évènement, marquée par la visite du Roi Baudouin, la vision des familles agglutinées aux grilles du charbonnage. Le désarroi

des familles confrontées aux manques d’information, à leur détresse et ensuite à l’absence bientôt des revenus précédemment générés par les disparus heurte le public, car l’administration tergiverse sur le montant des indemnités et les personnes qui y ont droit. Heureusement la solidarité s’organise, et de nombreuses actions caritatives se mettent en route. Le monde de la balle pelote n’y a pas été insensible. Ainsi nous avons retrouvé dans « La Pelote » n°27 du 29 août 1956, cet article d’Eugène Dupriez, Président de la Ligue du Hainaut, intitulé « EN MARGE DE LA CATASTROPHE DE MARCINELLE ».

Nous le reproduisons « in extenso » à la bonne attention de nos lecteurs.

« L’affreuse catastrophe qui vient de plonger dans le chagrin et la détresse un grand nombre de familles belges et étrangères, fait revivre dans nos cœurs ce sentiment de justice qui prescrit aux hommes, quelle que soit la façon d’envisager les lois de charité, de se considérer mutuellement et de se traiter comme des frères. En effet, la fraternité sociale repose moins encore sur un sentiment d’estime et de sympathie mutuelles que sur la conscience de l’étroite solidarité qui unit entr’eux les membres de la communauté associés à une œuvre collective. Elle n’est pas tant l’effet d’une inclination que la conscience d’un devoir. Par suite, l’idée de la fraternité humaine s’affirme plus

distinctement et plus fortement à mesure que, la société se développant en se perfectionnant, son organisation devient plus complexe et que ses membres se sentent plus étroitement solidaires les uns des autres. D’ailleurs n’est-ce pas au nom de cette fraternité, de cette solidarité, de cet amour du prochain, que s’affirme cet élan sublime en faveur des malheureuses victimes de Marcinelle. Quelle spontanéité dans le dévouement ! Quelle force dans l’abnégation ! Les plus pauvres ne vont-ils pas jusqu’à partager avec de plus pauvres encore le peu qu’ils ont de ressources. Certes, il appartient à la société, à la collectivité vivante et organisée, disposant de la puissance et des biens de la communauté, d’exercer cette fonction de tutelle et d’assistance qui constitue la justice distributive ; mais elle ne peut parer à tous les besoins particuliers et c’est alors que chacun doit agir personnellement en vue de l’y aider. Ce don de soi-même dans des circonstances déterminées est ce qu’il y a de plus noble et de plus véritablement humain. A ce point de vue, notre belle et grande FRNP a répondu à l’appel de la justice et de la fraternité : nombreuses sont les sociétés qui ont satisfait au devoir impérieux que réclame la solidarité humaine lors des calamités qui accablent la population ouvrière ; nombreux aussi sont les joueurs qui ont offert une partie et même la totalité du gain d’une ou plusieurs luttes, au profit des sinistrés de la mine et plus nombreux encore sont les amateurs de notre sport qui donnent généreusement aux quêtes organisées sur nos ballodromes. Que c’est beau, que c’est grand, que c’est sublime de sentir combien notre population est unie, bienveillante, dévouée à l’égard de ceux qui souffrent ! Dans ces circonstances ne réalise-t-elle pas le régime d’équité et d’amour rêvé par quelques âmes d’élite ! Je suis donc absolument certain que toute société fédérée, si petite soit-elle, que toute équipe à quelque série qu’elle appartienne apportera son concours gracieux à soulager matériellement et moralement ceux et celles qui souffrent soit de la perte d’un époux si adoré, d’un père si vénéré, d’un frère tant aimé, dont le salaire était l’unique ressource vitale. Les organismes fédéraux ne manqueront pas eux non plus, de se pencher sur la détresse de tant de familles malheureuses et sauront eux-aussi, montrer que la loi de l’amour n’est pas vaine dans le cœur de leurs membres. Que la grande famille ballante montre donc ce qu’elle est : une unité éprise des sentiments les plus purs qui font la grandeur et la noblesse de toute société humaine comprenant sa réelle valeur et sa noble mission. » (signé) E.DUPRIEZ.

L’appel de M. Dupriez n’est pas resté lettre morte et de nombreuses luttes de balle pelote ont été organisées dans tout le pays en faveur des sinistrés de Marcinelle. C’est ainsi que dans « La Pelote » n°26, du 24 août 1956, on trouve un avis de la société de Pelote Floreffe Centre qui évolue en Provinciale Namuroise, qui met gratuitement son équipe à la disposition d’une organisation d’une lutte au profit de Marcinelle.

Dans la même édition on retrouve l’avis suivant : «Catastrophe de Marcinelle :

L’Entente de Charleroi avec le concours gracieux de ses affiliés et joueurs a mis sur pied cette semaine deux rencontres qui doivent amener le public connaisseur sur les deux ballodromes désignés. Très sagement et exceptionnellement le Comité Régional a sélectionné deux formations afin de rencontrer Charleroi Delferrière ce jeudi 30 courant à 16.30 h. sur le ballodrome de la Place Elie Delferrière et samedi 1er septembre sur le beau ballodrome de la Maison du Peuple à Wanfercée-Baulet. La sélection qui rencontrera les Carolos ce jeudi 30 courant doit réaliser une belle performance du moment que la cohésion se manifeste dès le début, du fait qu’elle a été établie de façon à grouper des joueurs en quelque sorte de la même région, surtout pour les postes de frappe. Aux cordes

nous trouvons le sympathique Delplanche, le survivant de la belle équipe de Ham-S/-Heure, joueur très spectaculaire qui possède une belle livrée et qui peut à l’occasion monter dans le jeu, son complice Hoebeke également formé à Luttre-Renaissance, a fait de sensibles progrès, se montre d’une adresse intelligente aux cordes et possède une très belle livrée. La petit milieu sera occupé par Marcel Poliart qui a déjà été essayé en Nationale, ce joueur s’entendra parfaitement avec Pourceau, grand milieu de Souvret dont la saison a été excellente. Au fond, le castellinois Van Meenen, Junior en 1955 et qui a franchi la Promotion avec succès en prêtant son concours à Thuillies Spirous. Ce jeune gaillard d’un gabarit exceptionnel est appelé à une carrière brillante à condition de suivre les conseils de ses dirigeants. Charleroi Delferrière, champion provincial sera mis à rude épreuve devant cette sélection surtout que les sélectionnés n’ont pas oublié les échecs en critérium et ils mettront tout en œuvre pour enlever l’enjeu symbolique de cette rencontre. A Baulet JS, la rencontre se présente sous des auspices très favorables. Baulet JS formation de Promotion Provinciale, a pour sa première saison dans cette catégorie surpris le monde ballant en occupant la 3ème place, sera mis en présence d’une sélection qui lui mènera certainement la vie dure. La sélection sera composée de Delmotte, Cottille, Genot, Crets et Prévot ; cette formation qui possède des hommes expérimentés sera un adversaire coriace pour les locaux. Paul Genot, depuis plusieurs années, promène sa haute silhouette sur tous les ballodromes et tout porte à croire que ses amis profiteront de son expérience pour mener la vie dure aux provinciaux. Espérons que le public se fera un plaisir d’assister à ces joutes sportives et permettra aux organisateurs de poser une geste de solidarité envers les familles des malheureuses victimes de la catastrophe. »

En tout temps, des luttes de bienfaisance ont été organisées sur nos ballodromes, prouvant ainsi que la solidarité des pelotaris n’est pas un vain mot. Julien DESEES, dans sa « Petite Chronique illustrée des jeux de balle belges, pendant les années de guerre 1914-1918 » relate les nombreuses luttes à caractère philanthropique qui ont été organisées durant ce conflit mondial, comme par exemple sur la photo reprise ci-dessous



Durant le conflit 39-45, des luttes étaient régulièrement organisées au profit du « Colis du Prisonnier » comme en témoigne la carte reproduite ci-après. En effet à Mainvault, le lundi 29 septembre 1941 une grande lutte d’excellence, avec les équipes de Soignies, Mons et Brugelette, a été mise sur pied à cette intention


(coll.MNJP)

Le MNJP, grâce à la générosité des « Amis du Musée » a pu acquérir une « Carte Flamme », très rare, où figure à même le cachet de la poste estampillant le timbre, la mention bilingue « Jeu de balle, Grand Prix de Charleroi au profit des Invalides.14 juillet 1929 - Balspel, groote prijs van Charleroi ten bate der invaliden.14 Juli 1929 »


(coll.MNJP)

Comme le prouvent tous ces documents et bien sûr de nombreux autres exemples pourraient être cités, les joueurs, les dirigeants, les organisateurs, les amateurs de balle pelote, lorsque le besoin s’en fait sentir, savent tout mettre en œuvre afin que la solidarité envers les plus défavorisés reste un objectif incontournable.

10/10/2017, Jean-Marie DUMONT

Bibliothécaire-archiviste du MNJP


 

 

Les Mayas adoraient le jeu de balle







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Camille Rasson, le 28 septembre 2017



 

La balle au tamis à Charleroi-Sud


Avec la construction du centre commercial Rive Gauche, une des places emblématiques de Charleroi vient de connaitre un énième remaniement architectural.


Le chantier Rive Gauche en travaux


Les plus âgés d’entre nous se souviennent de l’énorme gâchis lors de la destruction de la Maison des Corporations. Ce splendide immeuble  Art nouveau construit en 1925, qualifié de «socialement obsolète et financièrement ingérable1 (sic)», disparait sous les coups de pelleteuses en 1960, pour être remplacée par la Tour Albert, building sans âme de 82 étages. Il est heureux que l’ancien hôtel des postes n’ait pas connu le même sort. Longtemps resté à l’abandon, il retrouve son lustre d’antan grâce à un couple de passionnés qui le restaurent pour y ouvrir la désormais renommée Bibliothèque Molière. En 2015, la démolition du bâtiment communément appelé colonnades suscite l’émoi auprès de nombreux carolos, plus pour son côté symbolique qu’esthétique. Du côté opposé de la place, les 6 étages du Bon Marché  ont été démantelés sans protestation. Si ce magasin a été un des fleurons commerciaux de la ville basse pendant des décennies, seul le rez-de-chaussée avait gardé sa vocation initiale depuis plusieurs années tandis que rats et squatteurs occupaient le reste. Digne d’un sketch célèbre de François Pirette, je me dois d’évoquer l’anecdote de cet ouvrier qui a détruit par erreur la façade du magasin de vêtements Deroy, jouxtant le Bon marché. Cette façade composée de boiseries vieilles de plus d’un siècle, devra d’ailleurs prochainement être reconstruite à l’identique par l’entrepreneur. Comme tant d’autres, la place possédait son kiosque à musique. Installé en 1887, il disparut du paysage peu après la première guerre mondiale.



Place du Sud vers 1910


Si les bâtiments ceinturant la Place verte2 ont subi des transformations architecturales au fil du temps, j’aimerais revenir sur la disparition d’un autre monument de notre patrimoine : le jeu de balle au tamis. Ce sport Belge par excellence, très proche de notre actuelle balle pelote, a animé cette place et ses commerces pendant des décennies. La configuration des bâtiments autour de ce long plateau et le dégagement permettant de caser une foule importante ont classé ce ballodrome parmi les plus beaux de Belgique. Qualifié d’arène ballante, il a d’ailleurs fait l’objet de l’impression de nombreuses cartes postales3. Grâce à ces vues, on constate qu’une assistance de plusieurs milliers de personnes aux luttes4  était monnaie courante. Fréquemment, les officiers payeurs s’en allaient réclamer le droit d’entrée aux nombreux spectateurs garnissant balcons et toits des bâtiments. Jules Sottiaux a merveilleusement bien décrit dans son roman, Bézuquet en Wallonie, des luttes épiques qui déplaçaient des populations entières vers la place du sud.

Finale du Critérium 1923 entre Fontaine l’Evêque et Gilly

 

De nombreuses anecdotes heureusement préservées grâce aux journaux d’époque permettent de réaliser l’effervescence que connaissait la place à chaque fois que les joueurs de petite balle entraient en action, je vous laisse en apprécier quelques-unes.

Le 9 novembre 1851 est organisée la finale d’un concours dont les éliminatoires attirant des milliers de spectateurs se sont déroulés chaque dimanche depuis deux mois. Dès onze heures, plus de cinq mille personnes sont amassées sur la place pour assister à la victoire de Charleroi-Gonze contre Fraire-Fairoul. A treize heures, une masse de spectateurs encore plus compacte encombre toute la place ainsi que toutes les rues qui y aboutissent. Fenêtres et balcons de toutes les maisons sont garnis de supporters encourageant leurs favoris. Charleroi remporte le concours face à Beaumont. Les cinq frères Gonze composant la partie5, reçoivent 30 superbes couverts en argent des mains du bourgmestre de Charleroi.

L’hiver 1869 est particulièrement rigoureux, le froid glacial décourage à peine joueurs et spectateurs. Le 27 décembre6, la place de la ville basse est couverte de 15cm de neige, le ballodrome est balayé pour permettre aux parties de Gilly et Châtelet de s’affronter devant une foule invraisemblable.

Le 26 septembre 1870, lors d’un concours, le joueur Lottin de la partie de Fosses-la-ville bat tous les records en livrant sa balle au 3ème étage de la maison André7, tout au bout de la place sous un tonnerre d’applaudissements. Fin novembre, dans une neige abondante et par un froid paralysant, la partie de Sivry-Mairieux s’adjuge le concours en écrasant Gilly et Châtelet devant plusieurs milliers de spectateurs survoltés.



Que dire enfin de cette finale du Critérium de la petite balle disputée le 30 août 1925 entre Fontaine l’Evêque et Jumet. Dix rangées de gradins permettant d’accueillir plus de  6.000 spectateurs sont installées. Des centaines de tonneaux de bières sont prêtés gracieusement par les brasseries Lejuste de Charleroi, Piron-Daurel de Jumet et Cornélis de Marcinelle pour arranger les bancs. A 13h, 5.000 personnes sont déjà installées pour assister à la petite finale entre la Basse-Sambre-Laret et Charleroi-Dubois.

 

La partie de la Basse-Sambre a à peine le temps de célébrer sa victoire que 3 corps de musique arrivent. Le premier accompagne la partie de Jumet-Daurel précédée d’un supporter tenant une pancarte rappelant les principaux titres remportés au cours de l’année (Grands Prix de Charleroi, de Fontaine l’Evêque, de Jumet et de Dampremy). Le deuxième est celui de Fontaine-l’Evêque-Campion. Un supporter pavoise fièrement avec leur magnifique bannière, un autre rappelle les titres obtenus dont les Championnats de Tamines et de Couillet, la Coupe Mars à Bruxelles, la 2ème place aux Championnats de Bruxelles-Paume et d’Auvelais. C’est au tour du comité fédéral de faire son entrée en musique et d ‘aller s’installer dans la grande tribune érigée au fond du jeu, devant laquelle les pelotaris sont invités à venir s’aligner pour prêter serment de jouer pour l’honneur et pour la gloire. La place est noire de monde. Balcons et fenêtres regorgent d’amateurs. Tandis que d’autres sont juchés sur les toits et les réverbères. Des supporters ont comme de coutume pris le soin d’emmener quelques pigeons chargés d’aller communiquer l’évolution du score aux personnes n’ayant pu se déplacer. Les deux parties se neutralisent jusqu’à 8-8, mais Jumet s’envole à 12-8 sans parvenir à conclure. Fontaine réussit à faire son retard et remporte le titre par 12-13 dans une ambiance de folie. Le vétéran Fernand Campion reçoit la fameuse Balle Royale des mains de M Tirou, bourgmestre de Charleroi.





Le déclin de la balle au tamis va s’amplifier au cours des années 30. Comme dans beaucoup de villes, les ballodromes vont être transformés en parking automobile. La place du sud va connaître ce sort. Le grand prix du 15 août à la balle pelote animera encore l’endroit pendant quelques dizaines d’années sans jamais toutefois égaler l’animation, les mouvements de foule et les fastes de la petite balle.

Grâce au projet Rive Gauche les piétons peuvent à nouveau s’accaparer de cette belle esplanade dont les dimensions permettraient d’y tracer un splendide ballodrome, ceinturé d’une dizaine de rangées de bancs de spectateurs. Mais tout ça c’est du passé. De la nostalgie.   

1  Extrait de l’ouvrage Charleroi d'Arthur Rimbaud à Jean Nouvel : 150 ans d'imaginaire urbain, p.36, Maurice Culot et Lola Pirlet.

2 Appelée Place verte lors de la création de ce nouveau quartier de Charleroi vers 1679, elle fût successivement rebaptisée Place de la Ville-Basse, Place du Sud et Place Albert 1er (au lendemain de la 1ère guerre mondiale). En 2016, le projet Rive Gauche lui rend son appellation initiale mais paradoxale au vu des plantations qui la garnissent.

3 J’ai dénombré pas moins de quinze cartes postales différentes du ballodrome animé, imprimées notamment par Nels et VPF au début des années 1900. Nul autre ballodrome n’a eu droit à une telle série de cartes.

4 Terme utilisé pour appeler une rencontre de jeu de balle

5 Ce terme était utilisé à l’époque pour appeler une équipe.  La partie Charleroi-Lemal par exemple, désignait la partie de Charleroi dont Lucien Lemal était le chef.

6  A l’époque, on jouait à la balle pendant toute l’année sans interruption. Les joueurs disputaient très souvent plus d’une centaine de luttes par an.

7 La maison André sera démolie pour être remplacée par la maison des Corporations

Comité et partie de Charleroi posent avec leurs trophées – 1927

 

De Laurent Bonniver (que nous remercions au passage.)

 18/06/2017


 

 

La balle pelote à travers

un siècle d’histoire.

 

 

Fondée en 1902, la Fédération du jeu de balle organise en 1920 le premier championnat officiel remporté par la formation bruxelloise de Cureghem Espoir.

Le Comité fédéral varie souvent l’appellation : 1ère Catégorie, 1ère Catégorie A, Excellence, Promotion nationale et enfin Nationale.

 

               En 1933, c’est le début de cinq succès de l’Amicale Pelote Louviéroise conduite par les Camille Delwart, Alphonse Burgeon, Fernand Dubray et consorts.

 

               Les cinq premières années des années 40 sont perturbées par les tragiques événements du second conflit mondial et mettent à l’honneur la composition brainoise emmenée par Norbert Letroye.

 

               La décennie suivante voit les équipes carolos de Châtelet, Châtelineau et Gosselies ainsi que Braine-le-Comte dominer la compétition.

 

               Après ses cinq titres consécutifs et son sixième « Pointage ~ Les Sports » d’affilée, Gosselies inaugure, en 1966, la première coupe de Belgique de son histoire. Les Richard D’Hoeraene, René Deghislage, Léon Mathy, André Stassart, Léon Casaert et Ernest Frocheur survolent littéralement le monde ballant.

 

               En l’espace de six ans (1971- 1976), Chapelle-à-Wattines emmenée par le Roi Léon s’offre cinq sacres nationaux. En 1973, le premier « Gant d’Or » de son histoire est attribué à un joueur de division supérieure : José Letroye.

 

               En 1982, les Flandriens de Tollembeek transfèrent le stratège Marc Van Snick. Les « Lustige Balspelers », composés de Hans Derdelinckx, Georges Bellemans, José Leleux, Armand Charmant et Marc Van Snick, remportent les écussons nationaux à cinq reprises (1982-1986).

Au début des années 90, on peut observer une domination de Tollembeek et des Hallois de Buizingen. Triomphant pour la neuvième fois en douze ans en finale de la coupe de Belgique, Marc Vanhasselt établit un record qu’il sera difficile de battre.

 

                La fin du XXème siècle est dominée par Courcelles-Coupe, plus tard appelé RCCC 2000. Les Carolos Eric Becq, Claude Leleux, Laurent Di Santo, Patrick Ridiaux et Philippe Sanzot réalisent en 1997 une saison de tous les exploits : invaincus en trente rencontres de championnat, la coupe de Belgique, la super coupe et le classement général des tournois.

 

                 Le début du troisième millénaire voit les Alostois de Kerksken composés de Franck Van den Bulcke, David De Vits, Samuel Brassart, Benjamin Dochier et Pascal Demuylder édifier un nouveau record national en alignant sept titres nationaux consécutifs (2006-2012).

                 Enfin, en 2015, le petit prince des ballodromes Benjamin Dochier entre dans l’histoire en s’octroyant son septième « Gant d’Or », repoussant Marc Vanhasselt et Patrick Ridiaux sur la seconde marche du podium et Timmy Joos sur la troisième.

L’ABéCédaire des équipes de division 1 nationale de 1920

à nos jours.

 

 



 









Les participations des EQUIPES au championnat national.

 

 

1.

2.

3.

4.
5.

Equipes.

Braine-le-Comte

Nivelles

Gosselies

Saint-Servais

Tollembeek

Total.

67

43

35

32

28

 

 

 BRAINE-LE-COMTE (1961).

Debout de gauche à droite : Jeannot Fouquet,

Camille Vandendooren, José et Jean-Claude

Letroye, Roger Polard.


Le classement par LIGUES (titres nationaux).

 

 

1.

2.

3.

4.

Ligues.

Ligue du Hainaut

Ligue des Flandres

Ligue du Brabant

Ligue de Namur

Total.

52

29

 9

 6

 

 

Le classement par ex-ENTENTES (titres nationaux).

 

 

1.

2.

3.

4.

5.

Ententes.

Entente de Charleroi

Entente d’Alost – Termonde

Entente de Grammont – Ninove – Renaix

Entente de Braine – Soignies

Entente du Centre

Totaux.

24

17

12

10

  8

 

 

Le classement par EQUIPES (titres nationaux).

 

 

1.

 

2.

3.

4.

 

5.

 

Equipes.

Gosselies

Tollembeek

Kerksken (en cours)

Braine-le-Comte

Chapelle-à-Wattines

La Louvière

Châtelet

Courcelles – RCCC 2000

Totaux.

10

10

 9

 8

 5

 5

 4

 4

 

 

GOSSELIES (1965).

Debout de gauche à droite : Léon Casaert,

Ernest Frocheur et André Stassart.

Accroupis de gauche à droite : Richard

D’Hoeraene et Léon Mathy.

 

 

 

TOLLEMBEEK (1985).

Debout de gauche à droite : Hans Derdelinckx,

Marc Van Snick et Armand Charmant.

Accroupis de gauche à droite : Georges Bellemans,

Ronny Bellemans et José Leleux.


Le classement des EQUIPES (coupe de Belgique).

 

 

1.

2.

3.

4.

 

 

5.

 

Equipes.

Buizingen

Kerksken (en cours)

Tollembeek

Gosselies

Maubeuge

Courcelles – RCCC 2000

Braine-le-Comte

Chapelle-à-Wattines

Pont-à-Celles

Saint-Servais

Welar

Totaux.

9

8

4

3

3

3

2

2

2

2

2

 

                                                                    

 

BUIZINGEN (1983).

Debout de gauche à droite : Georges Vanhasselt,

Rudy De Ridder, Marc Vanhasselt et Roland Tournay.

Accroupis de gauche à droite : Daniel Gheys et

Alain Weverbergh.    

 

Le classement des EQUIPES (supercoupe).

 

 

1.

2.

3.

Equipes.

Kerksken (en cours)

Baasrode (en cours)

Buizingen

Courcelles – RCCC 2000

Totaux.

9

5

3

3

 

 

 

KERKSKEN (2013)

Debout de gauche à droite : Pascal Demuylder

David De Vits.

Accroupis de gauche à droite : Franck Van den

Bulcke, Samuel Brassart, Eddy Charloteaux et

Benjamin Dochier.


Le classement des JOUEURS (titres nationaux).

 

 

1.

2.

 

 

3.

 

 

4.

 

 

 

5.

Joueurs.

Casaert Léon

Mathy Léon

Brassart Samuel (en cours)

De Vits David (en cours)

Stassart André

Gossuin Philippe (en cours)

Dochier Benjamin (en cours)

Derdelinckx Hans

Demuylder Pascal

Van Snick Marc

Leleux Claude

D’Hoeraene Richard

Coart Jean.

Totaux.

16

11

11

11

 9

 9

 9

 8

 8

 8

 8

 7

 7

 

 

 

Monsieur Jeu de Balle, Léon CASAERT.

(1978).

  

Le classement des « GANTS d’OR ».

 

 

1.

2.

 

3.

4.

Joueurs.

Dochier Benjamin

Van Hasselt Marc

Ridiaux Patrick

Joos Timmy

Van Snick Marc

Gossuin Philippe

Brassart Samuel

Totaux.

7

5

5

4

2

2

2

 

 

Le septuple « Gant d’Or », Benjamin DOCHIER.

(2015)

 

 

Cette étude a été réalisée par Francis PAULUS (que nous remercions au passage)

et se termine en 2016.

 

Texte envoyé par l’auteur le 16/05/2017




LA GRANDE GUERRE (1914-1918) ET LES JOUEURS DE BALLE

 

A. Les joueurs de balle prisonniers en Allemagne

B. Les joueurs de balle internés en Hollande

C. Une grande page philanthropique

 

A. Quelques camps de prisonniers en Allemagne

 

- SOLTAU : le camp de Soltau était pendant la première guerre mondiale, le plus grand   camp de prisonnier en Allemagne. Il était situé en Basse Saxe, au cœur d’un triangle composé des 3 villes : Hambourg, Brème et Hanovre. Ce camp accueillit plus de 70.000 prisonniers qui arrivaient, entassés dans des wagons à bestiaux, après des dizaines heures de routes. L’humain était véritablement réduit à l’état d’objet. La majorité des internés étaient des prisonniers de guerre français et russes mais il y avait aussi des Belges.                                                                          .

Suite au refus d’un travail  obligatoire en Allemagne et à titre de représailles, de nombreuses villes ou villages ont été touchés par la déportation. Dans les environs d’Ath, un certain nombre de jeunes villageois de Marcq-les-Enghien, de Rebecq, de Quenast, de Lessines et de Soignies notamment, furent déportés au camp de Soltau.



- HOLZMINDEN : Le camp d’internement de Holzminden était aussi un grand camp de détention de la première guerre mondiale. Il était situé en périphérie de la petite ville de Holzminden en Basse Saxe. Il reçut jusqu’à 10.000 internés civils des nations alliées.






- MINDEN (Minden est une ville en Rhénanie du Nord-Westphalie), COLLELAGER, CELLELAGER, RUHLEBEN et bien d’autres encore.

Les contacts directs avec les prisonniers belges dans les camps allemands s’avérèrent très difficiles, surtout en 1914.

A partir de 1915, on constate une légère amélioration dans les contacts entre les prisonniers belges et leur famille ainsi qu’entre prisonniers joueurs de balle et la Fédération de Pelote et certaines sociétés de balle au gant. Début 1915, le comité provisoire de la Fédération de balle pelote contacte par lettre toutes ses sociétés affiliées qui sont félicitées pour leurs initiatives dont celles consistant à organiser des luttes de jeu de balle dont les recettes alimenteraient les caisses dites de secours. La lettre demande aux responsables de ces sociétés qu’une partie des recettes soit consacrées à venir en aide à leurs membres prisonniers dans les camps allemands. A l’effet d’employer  judicieusement les sommes qui seraient récoltées de cette façon, il est demandé aux sociétés de bien vouloir communiquer au comité fédéral le nom et le lieu d’internement de leurs membres prisonniers.

D’abord à Solteau, les prisonniers forment rapidement des groupements. A force d’ingéniosité et faute de mieux, on y fabrique même quelques balles pelote avec les moyens du bord (chiffons contenant du gravier, réunis en forme de boule et ficelés, etc.) permettant à nos compatriotes désoeuvrés de se « distraire » pendant leurs rares temps libres en pratiquant leurs sport favori : le jeu de balle. De toutes les lettres venant d’Allemagne, une large place est réservée à la demande de matériel pour jouer à la balle (gants usagés et balles). Début de la saison 1916, des internés à Solteau envoie une lettre à la F.N.J.B.P. lui demandant l’envoi d’un lot de balles. Dans les autres camps, les prisonniers font de même. Avec les fonds récoltés sur les ballodromes belges, la Fédération parvient à acheter et à envoyer un lot important de balles  qui arrive tant bien que mal au camp de Solteau. Ce matériel est réparti de la façon suivante :

* camp de Solteau                                200 balles

* camp de Holzminden                        100 balles

* camp de Cellelager                           100 balles

* camp de Minden                                50 balles

* camp de Ruhleben                            50 balles

Les lettres de remerciements abondent à la Fédération signalant que l’arrivée de colis de balles et  de gants est aussi appréciée que la réception de colis renfermant des vivres et du textile.

A la lecture de ces fraternelles missives, on devine tout le plaisir qu’éprouvent les compatriotes prisonniers de ne pas se sentir oubliés par leurs amis sportifs restés en Belgique. Et c’est ainsi que la solidarité aidant, dans le domaine du jeu de balle, les prisonniers belges dans certains camps allemands, purent adoucir quelque peu la rudesse de leur condition.


B. Les joueurs de balle internés en Hollande.

 

Durant les six premiers mois de la Grande Guerre, plus de 30.000 soldats belges se sont retrouvés internés aux Pays-Bas. Ces soldats sont parmi ceux qui eurent à subir les premiers chocs de l’invasion allemande. Ils résistèrent 3 mois à Anvers avant d’y être piégés par l’ennemi. Il ne restait plus que le choix entre deux solutions : se laisser capturer par les Allemands ou franchir la frontière néerlandaise pour se retrouver en pays neutre.


Après avoir été désarmés, les soldats belges furent conduits « manu militari » vers des camps d’internement. Il y a lieu de croire que l’émigration de tout ce monde à partir de la Belgique avait été planifiée et organisée avec l’occupant. L’Allemagne tenait la frontière belgo-hollandaise sous une très étroite surveillance. Le passage de familles entières par les rares portes d’entrée,  fuyant devant les malheurs et les dévastations d’une guerre féroce, ne devait donc pas passer inaperçu. Il faut savoir que l’Allemagne tenait la frontière belgo-hollandaise fermée,  par une clôture électrifiée quasi infranchissable. Durant cette période de semi-captivité, les internés belges sont répartis dans 4 camps d’Harderwijck, Zeist, Oldenbroeck-Zwolle et Gasterlân.







Dans chacun de ces camps se sont constituées très tôt des parties de pelote. Au cours de la saison de 1915, des rencontres au jeu frison contre des adversaires hollandais ont lieu mais sans grand succès pour les internés belges. Excellents au rechas, ils accusent une faiblesse marquée à la livrée, ce qui leur est fatal dans de nombreux cas.

Mais durant tout l’hiver 1915-1916, du matin au soir, même par une température peu favorable, parfois après avoir balayé la neige couvrant le terrain, les joueurs belges perfectionnent leur technique et ils parviennent à maîtriser la légère balle frisonne. Bientôt, de nombreux joueurs belges se trouvent en état de rencontrer des adversaires néerlandais avec d’égales chances de vaincre. Ils se font apprécier pour leur efficacité au jeu de balle frison. Les parties formées dans les camps de Harderwijck et de Gaesterlân sont particulièrement performantes. En 1917, le plus grand tournoi frison dit du P.C. (Permanente Commissie) qui existe encore de nos jours, est enlevé par un trio belge composé de Auguste Van Lierde, Georges Herphelin et Emile Hoyois.

C. Une grande page philanthropique

 

Le monde du jeu de balle  a eu, au cours des années 1914-1918, une admirable attitude envers les compatriotes touchés par les événements.

Prisonniers, internés, veuves et orphelins de guerre, mutilés, familles éprouvées, ont pu compter sur les amateurs de jeu de balle qui, dans la mesure  de leurs moyens devenus aussi fort modestes, ont contribué à l’amélioration de leur situation matérielle et morale. Jamais la Fédération ne s’est départie durant toute la durée de la guerre d’une ligne de conduite tendant à obtenir un parallélisme entre la pratique du sport ballant et la philanthropie. C’est le comité provisoire de la Fédération qui donne l’exemple en lançant dès les premiers jours de la saison 1915, un appel pour répondre aux demandes de petit matériel, surtout de balles, émanant de nos compatriotes prisonniers en Allemagne ou internés aux Pays-Bas. L’appel fut très bien entendu par les organisateurs de luttes ou tournois. Les premières sociétés à se manifester étaient implantées en région bruxelloise mais bientôt, toutes les sociétés affiliées de province contribuent, par différents dons, à répondre aux sollicitations :

                     - Paume Laekenoise                                don de 655 frs 54 et 467 frs 77

- Laekens Saint-Roch                              don de 790 frs 58

- Braine-le-Comte                                             don de 5 frs

- Amis de la Balle de Schaerbeek                     don de 5 frs

- Pelote Lessinoise                                    don de 75 balles

- Espoir de Cureghem                               don de 50 balles

- Pelote Anderlechtoise                             don de 50 balles

- Schaerbeek Rogier                                  don de 50 balles

- Pelote Club d’Etterbeek                          don de 50 balles

- Le joueur Meunier de Lessines             don de 50 balles

- etc.

C’est ainsi que tout au long de cette tragédie qu’a constituée la guerre 1914-1918 et malgré les moments difficiles qu’ont rencontrés  les compatriotes de la zone belge occupée, l’aide aux éprouvés dont les joueurs de balle ne s’est jamais ralentie.

Camille Rasson - 03/05/2017