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Cliquez sur l'image pour l'agrandir. Texte envoyé le 12 mars 2019 Camille Rasson Conservateur
Cliquez sur l'image pour l'agrandir. Laurent BONNIVER, vice-Président du M.N.J.P. 16/05/2018
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Il y a ½ siècle et plus… la catastrophe de Marcinelle a embrayé la solidarité indéfectible du monde ballant. « Tutti Cadaveri », l’inoubliable cri prononcé par l’équipe de sauveteurs découvrant ainsi les cadavres des mineurs prisonniers à l’étage 1035, nous remémore à tous la cruelle réalité de la catastrophe de Marcinelle. Le 8 août 1956, la Belgique, et le monde entier, grâce notamment aux retransmissions en direct effectuées par une télévision naissante, étaient ainsi confrontés à ce tragique évènement qui allait endeuiller 262 familles. En effet, ce 8 août à 08h10. 274 mineurs commencent leur dur labeur, dans les galeries glauques et noires de la mine, lorsqu’une manœuvre de remontée de wagonnets chargés de charbon vers la surface, tourne à la tragédie. Un des chariots mal engagé fait saillie de la cage métallique qui le hisse et accroche ainsi, lors de son passage dans le puits étroit, une poutrelle ; celle-ci sectionne alors deux câbles électriques à haute tension, une conduite d’huile sous pression et un tuyau d’air comprimé. Les boiseries s’enflamment aussitôt, l’incendie se propage rapidement attisé par l’action d’un ventilateur, les gaz carboniques mortels ainsi propulsés dans les galeries où s’échinent les mineurs à plus de 900 mètres, vouent ces derniers à une fin tragique. Un simple incident technique s’est transformé en véritable catastrophe…
(ci-dessous, monument érigé à la mémoire des victimes du Bois du Cazier) (Stèle érigée à la mémoire des victimes de Marcinelle)
On connaît la suite tragique, la mise en exergue des mauvaises conditions de travail, le manque de sécurité, la médiatisation de cet évènement, marquée par la visite du Roi Baudouin, la vision des familles agglutinées aux grilles du charbonnage. Le désarroi des familles confrontées aux manques d’information, à leur détresse et ensuite à l’absence bientôt des revenus précédemment générés par les disparus heurte le public, car l’administration tergiverse sur le montant des indemnités et les personnes qui y ont droit. Heureusement la solidarité s’organise, et de nombreuses actions caritatives se mettent en route. Le monde de la balle pelote n’y a pas été insensible. Ainsi nous avons retrouvé dans « La Pelote » n°27 du 29 août 1956, cet article d’Eugène Dupriez, Président de la Ligue du Hainaut, intitulé « EN MARGE DE LA CATASTROPHE DE MARCINELLE ». Nous le reproduisons « in extenso » à la bonne attention de nos lecteurs. « L’affreuse catastrophe qui vient de plonger dans le chagrin et la détresse un grand nombre de familles belges et étrangères, fait revivre dans nos cœurs ce sentiment de justice qui prescrit aux hommes, quelle que soit la façon d’envisager les lois de charité, de se considérer mutuellement et de se traiter comme des frères. En effet, la fraternité sociale repose moins encore sur un sentiment d’estime et de sympathie mutuelles que sur la conscience de l’étroite solidarité qui unit entr’eux les membres de la communauté associés à une œuvre collective. Elle n’est pas tant l’effet d’une inclination que la conscience d’un devoir. Par suite, l’idée de la fraternité humaine s’affirme plus distinctement et plus fortement à mesure que, la société se développant en se perfectionnant, son organisation devient plus complexe et que ses membres se sentent plus étroitement solidaires les uns des autres. D’ailleurs n’est-ce pas au nom de cette fraternité, de cette solidarité, de cet amour du prochain, que s’affirme cet élan sublime en faveur des malheureuses victimes de Marcinelle. Quelle spontanéité dans le dévouement ! Quelle force dans l’abnégation ! Les plus pauvres ne vont-ils pas jusqu’à partager avec de plus pauvres encore le peu qu’ils ont de ressources. Certes, il appartient à la société, à la collectivité vivante et organisée, disposant de la puissance et des biens de la communauté, d’exercer cette fonction de tutelle et d’assistance qui constitue la justice distributive ; mais elle ne peut parer à tous les besoins particuliers et c’est alors que chacun doit agir personnellement en vue de l’y aider. Ce don de soi-même dans des circonstances déterminées est ce qu’il y a de plus noble et de plus véritablement humain. A ce point de vue, notre belle et grande FRNP a répondu à l’appel de la justice et de la fraternité : nombreuses sont les sociétés qui ont satisfait au devoir impérieux que réclame la solidarité humaine lors des calamités qui accablent la population ouvrière ; nombreux aussi sont les joueurs qui ont offert une partie et même la totalité du gain d’une ou plusieurs luttes, au profit des sinistrés de la mine et plus nombreux encore sont les amateurs de notre sport qui donnent généreusement aux quêtes organisées sur nos ballodromes. Que c’est beau, que c’est grand, que c’est sublime de sentir combien notre population est unie, bienveillante, dévouée à l’égard de ceux qui souffrent ! Dans ces circonstances ne réalise-t-elle pas le régime d’équité et d’amour rêvé par quelques âmes d’élite ! Je suis donc absolument certain que toute société fédérée, si petite soit-elle, que toute équipe à quelque série qu’elle appartienne apportera son concours gracieux à soulager matériellement et moralement ceux et celles qui souffrent soit de la perte d’un époux si adoré, d’un père si vénéré, d’un frère tant aimé, dont le salaire était l’unique ressource vitale. Les organismes fédéraux ne manqueront pas eux non plus, de se pencher sur la détresse de tant de familles malheureuses et sauront eux-aussi, montrer que la loi de l’amour n’est pas vaine dans le cœur de leurs membres. Que la grande famille ballante montre donc ce qu’elle est : une unité éprise des sentiments les plus purs qui font la grandeur et la noblesse de toute société humaine comprenant sa réelle valeur et sa noble mission. » (signé) E.DUPRIEZ. L’appel de M. Dupriez n’est pas resté lettre morte et de nombreuses luttes de balle pelote ont été organisées dans tout le pays en faveur des sinistrés de Marcinelle. C’est ainsi que dans « La Pelote » n°26, du 24 août 1956, on trouve un avis de la société de Pelote Floreffe Centre qui évolue en Provinciale Namuroise, qui met gratuitement son équipe à la disposition d’une organisation d’une lutte au profit de Marcinelle. Dans la même édition on retrouve l’avis suivant : «Catastrophe de Marcinelle : L’Entente de Charleroi avec le concours gracieux de ses affiliés et joueurs a mis sur pied cette semaine deux rencontres qui doivent amener le public connaisseur sur les deux ballodromes désignés. Très sagement et exceptionnellement le Comité Régional a sélectionné deux formations afin de rencontrer Charleroi Delferrière ce jeudi 30 courant à 16.30 h. sur le ballodrome de la Place Elie Delferrière et samedi 1er septembre sur le beau ballodrome de la Maison du Peuple à Wanfercée-Baulet. La sélection qui rencontrera les Carolos ce jeudi 30 courant doit réaliser une belle performance du moment que la cohésion se manifeste dès le début, du fait qu’elle a été établie de façon à grouper des joueurs en quelque sorte de la même région, surtout pour les postes de frappe. Aux cordes nous trouvons le sympathique Delplanche, le survivant de la belle équipe de Ham-S/-Heure, joueur très spectaculaire qui possède une belle livrée et qui peut à l’occasion monter dans le jeu, son complice Hoebeke également formé à Luttre-Renaissance, a fait de sensibles progrès, se montre d’une adresse intelligente aux cordes et possède une très belle livrée. La petit milieu sera occupé par Marcel Poliart qui a déjà été essayé en Nationale, ce joueur s’entendra parfaitement avec Pourceau, grand milieu de Souvret dont la saison a été excellente. Au fond, le castellinois Van Meenen, Junior en 1955 et qui a franchi la Promotion avec succès en prêtant son concours à Thuillies Spirous. Ce jeune gaillard d’un gabarit exceptionnel est appelé à une carrière brillante à condition de suivre les conseils de ses dirigeants. Charleroi Delferrière, champion provincial sera mis à rude épreuve devant cette sélection surtout que les sélectionnés n’ont pas oublié les échecs en critérium et ils mettront tout en œuvre pour enlever l’enjeu symbolique de cette rencontre. A Baulet JS, la rencontre se présente sous des auspices très favorables. Baulet JS formation de Promotion Provinciale, a pour sa première saison dans cette catégorie surpris le monde ballant en occupant la 3ème place, sera mis en présence d’une sélection qui lui mènera certainement la vie dure. La sélection sera composée de Delmotte, Cottille, Genot, Crets et Prévot ; cette formation qui possède des hommes expérimentés sera un adversaire coriace pour les locaux. Paul Genot, depuis plusieurs années, promène sa haute silhouette sur tous les ballodromes et tout porte à croire que ses amis profiteront de son expérience pour mener la vie dure aux provinciaux. Espérons que le public se fera un plaisir d’assister à ces joutes sportives et permettra aux organisateurs de poser une geste de solidarité envers les familles des malheureuses victimes de la catastrophe. » En tout temps, des luttes de bienfaisance ont été organisées sur nos ballodromes, prouvant ainsi que la solidarité des pelotaris n’est pas un vain mot. Julien DESEES, dans sa « Petite Chronique illustrée des jeux de balle belges, pendant les années de guerre 1914-1918 » relate les nombreuses luttes à caractère philanthropique qui ont été organisées durant ce conflit mondial, comme par exemple sur la photo reprise ci-dessous Durant le conflit 39-45, des luttes étaient régulièrement organisées au profit du « Colis du Prisonnier » comme en témoigne la carte reproduite ci-après. En effet à Mainvault, le lundi 29 septembre 1941 une grande lutte d’excellence, avec les équipes de Soignies, Mons et Brugelette, a été mise sur pied à cette intention (coll.MNJP) Le MNJP, grâce à la générosité des « Amis du Musée » a pu acquérir une « Carte Flamme », très rare, où figure à même le cachet de la poste estampillant le timbre, la mention bilingue « Jeu de balle, Grand Prix de Charleroi au profit des Invalides.14 juillet 1929 - Balspel, groote prijs van Charleroi ten bate der invaliden.14 Juli 1929 » (coll.MNJP) Comme le prouvent tous ces documents et bien sûr de nombreux autres exemples pourraient être cités, les joueurs, les dirigeants, les organisateurs, les amateurs de balle pelote, lorsque le besoin s’en fait sentir, savent tout mettre en œuvre afin que la solidarité envers les plus défavorisés reste un objectif incontournable. 10/10/2017, Jean-Marie DUMONT Bibliothécaire-archiviste du MNJP
Cliquer sur l'image pour agrandir Camille Rasson, le 28 septembre 2017
Avec la construction du centre commercial Rive Gauche, une des places emblématiques de Charleroi vient de connaitre un énième remaniement architectural.
Le chantier Rive Gauche en travaux Les plus âgés d’entre nous se souviennent de l’énorme gâchis lors de la destruction de la Maison des Corporations. Ce splendide immeuble Art nouveau construit en 1925, qualifié de «socialement obsolète et financièrement ingérable1 (sic)», disparait sous les coups de pelleteuses en 1960, pour être remplacée par la Tour Albert, building sans âme de 82 étages. Il est heureux que l’ancien hôtel des postes n’ait pas connu le même sort. Longtemps resté à l’abandon, il retrouve son lustre d’antan grâce à un couple de passionnés qui le restaurent pour y ouvrir la désormais renommée Bibliothèque Molière. En 2015, la démolition du bâtiment communément appelé colonnades suscite l’émoi auprès de nombreux carolos, plus pour son côté symbolique qu’esthétique. Du côté opposé de la place, les 6 étages du Bon Marché ont été démantelés sans protestation. Si ce magasin a été un des fleurons commerciaux de la ville basse pendant des décennies, seul le rez-de-chaussée avait gardé sa vocation initiale depuis plusieurs années tandis que rats et squatteurs occupaient le reste. Digne d’un sketch célèbre de François Pirette, je me dois d’évoquer l’anecdote de cet ouvrier qui a détruit par erreur la façade du magasin de vêtements Deroy, jouxtant le Bon marché. Cette façade composée de boiseries vieilles de plus d’un siècle, devra d’ailleurs prochainement être reconstruite à l’identique par l’entrepreneur. Comme tant d’autres, la place possédait son kiosque à musique. Installé en 1887, il disparut du paysage peu après la première guerre mondiale.
Place du Sud vers 1910 Si les bâtiments ceinturant la Place verte2 ont subi des transformations architecturales au fil du temps, j’aimerais revenir sur la disparition d’un autre monument de notre patrimoine : le jeu de balle au tamis. Ce sport Belge par excellence, très proche de notre actuelle balle pelote, a animé cette place et ses commerces pendant des décennies. La configuration des bâtiments autour de ce long plateau et le dégagement permettant de caser une foule importante ont classé ce ballodrome parmi les plus beaux de Belgique. Qualifié d’arène ballante, il a d’ailleurs fait l’objet de l’impression de nombreuses cartes postales3. Grâce à ces vues, on constate qu’une assistance de plusieurs milliers de personnes aux luttes4 était monnaie courante. Fréquemment, les officiers payeurs s’en allaient réclamer le droit d’entrée aux nombreux spectateurs garnissant balcons et toits des bâtiments. Jules Sottiaux a merveilleusement bien décrit dans son roman, Bézuquet en Wallonie, des luttes épiques qui déplaçaient des populations entières vers la place du sud.
Finale du Critérium 1923 entre Fontaine l’Evêque
et Gilly
De nombreuses anecdotes heureusement préservées grâce aux
journaux d’époque permettent de réaliser l’effervescence que
connaissait la place à chaque fois que les joueurs de petite
balle entraient en action, je vous laisse en apprécier
quelques-unes.
Le 9 novembre 1851 est organisée la finale d’un concours
dont les éliminatoires attirant des milliers de spectateurs
se sont déroulés chaque dimanche depuis deux mois. Dès onze
heures, plus de cinq mille personnes sont amassées sur la
place pour assister à la victoire de Charleroi-Gonze contre
Fraire-Fairoul. A treize heures, une masse de spectateurs
encore plus compacte encombre toute la place ainsi que
toutes les rues qui y aboutissent. Fenêtres et balcons de
toutes les maisons sont garnis de supporters encourageant
leurs favoris. Charleroi remporte le concours face à
Beaumont. Les cinq frères Gonze composant la partie5,
reçoivent 30 superbes couverts en argent des mains du
bourgmestre de Charleroi.
L’hiver 1869 est particulièrement rigoureux, le froid
glacial décourage à peine joueurs et spectateurs. Le 27
décembre6, la place de la ville basse est
couverte de 15cm de neige, le ballodrome est balayé pour
permettre aux parties de Gilly et Châtelet de s’affronter
devant une foule invraisemblable.
Que dire enfin de cette finale du Critérium de la petite
balle disputée le 30 août 1925 entre Fontaine l’Evêque et
Jumet. Dix rangées de gradins permettant d’accueillir plus
de 6.000 spectateurs
sont installées. Des centaines de tonneaux de bières sont
prêtés gracieusement par les brasseries Lejuste de
Charleroi, Piron-Daurel de Jumet et Cornélis de Marcinelle
pour arranger les bancs. A 13h, 5.000 personnes sont déjà
installées pour assister à la petite finale entre la
Basse-Sambre-Laret et Charleroi-Dubois.
Le déclin de la balle au tamis va s’amplifier au cours des
années 30. Comme dans beaucoup de villes, les ballodromes
vont être transformés en parking automobile. La place du sud
va connaître ce sort. Le grand prix du 15 août à la balle
pelote animera encore l’endroit pendant quelques dizaines
d’années sans jamais toutefois égaler l’animation, les
mouvements de foule et les fastes de la petite balle.
Grâce au projet Rive Gauche les piétons peuvent à nouveau
s’accaparer de cette belle esplanade dont les dimensions
permettraient d’y tracer un splendide ballodrome, ceinturé
d’une dizaine de rangées de bancs de spectateurs. Mais tout
ça c’est du passé. De la nostalgie.
1
Extrait de
l’ouvrage
Charleroi d'Arthur Rimbaud à Jean Nouvel : 150 ans
d'imaginaire urbain,
p.36,
Maurice
Culot
et Lola
Pirlet.
2 Appelée Place
verte lors de la création de ce nouveau quartier de
Charleroi vers 1679, elle fût successivement rebaptisée
Place de la Ville-Basse, Place du Sud et Place Albert 1er
(au lendemain de la 1ère guerre mondiale). En
2016, le projet Rive Gauche lui rend son appellation
initiale mais paradoxale au vu des plantations qui la
garnissent.
3
J’ai
dénombré pas moins de quinze cartes postales différentes du
ballodrome animé, imprimées notamment par
Nels et VPF au début des
années 1900. Nul autre ballodrome n’a eu droit à une telle
série de cartes.
4
Terme
utilisé pour appeler une rencontre de jeu de balle
5 Ce terme était
utilisé à l’époque pour appeler une équipe.
La partie Charleroi-Lemal par exemple, désignait la
partie de Charleroi dont Lucien Lemal était le chef.
6 A
l’époque, on jouait à la balle pendant toute l’année sans
interruption. Les joueurs disputaient très souvent plus
d’une centaine de luttes par an.
Comité et partie de Charleroi posent avec leurs
trophées – 1927
De Laurent Bonniver (que nous remercions au
passage.)
Fondée en 1902, la
Fédération du jeu de balle organise en 1920 le premier
championnat officiel remporté par la formation bruxelloise
de Cureghem Espoir.
Le Comité fédéral varie
souvent l’appellation : 1ère Catégorie, 1ère
Catégorie A, Excellence, Promotion nationale et enfin
Nationale.
En 1933, c’est le début de cinq succès de l’Amicale
Pelote Louviéroise conduite par les Camille Delwart,
Alphonse Burgeon, Fernand Dubray et consorts.
Les cinq premières années des années 40
sont perturbées par les tragiques événements du
second
conflit mondial et mettent à l’honneur la composition
brainoise emmenée par Norbert Letroye.
La décennie suivante voit les équipes carolos de
Châtelet, Châtelineau et Gosselies ainsi que Braine-le-Comte
dominer la compétition.
Après ses cinq titres consécutifs et son sixième
« Pointage ~ Les Sports » d’affilée, Gosselies inaugure, en
1966, la première coupe de Belgique de son histoire. Les
Richard D’Hoeraene, René Deghislage, Léon Mathy, André
Stassart, Léon Casaert et Ernest Frocheur survolent
littéralement le monde ballant.
En l’espace de six ans (1971- 1976),
Chapelle-à-Wattines emmenée par le Roi Léon s’offre cinq
sacres nationaux. En 1973, le premier « Gant d’Or » de son
histoire est attribué à un joueur de division supérieure :
José Letroye.
Au début des années 90,
on peut observer une domination de Tollembeek et des Hallois
de Buizingen. Triomphant pour la neuvième fois en douze ans
en finale de la coupe de Belgique, Marc Vanhasselt établit
un record qu’il sera difficile de battre.
La fin du XXème siècle est dominée par
Courcelles-Coupe, plus tard appelé RCCC 2000. Les Carolos
Eric Becq, Claude Leleux, Laurent Di Santo, Patrick Ridiaux
et Philippe Sanzot réalisent en 1997 une saison de tous les
exploits : invaincus en trente rencontres de championnat, la
coupe de Belgique, la super coupe et le classement général
des tournois.
Le début du troisième millénaire voit les Alostois de
Kerksken composés de Franck Van den Bulcke, David De Vits,
Samuel Brassart, Benjamin Dochier et Pascal Demuylder
édifier un nouveau record national en alignant sept titres
nationaux consécutifs (2006-2012).
Debout de gauche à
droite : Jeannot Fouquet,
Camille
Vandendooren, José et Jean-Claude
Letroye, Roger
Polard.
GOSSELIES (1965).
Debout de gauche à droite : Léon Casaert,
Ernest
Frocheur et André Stassart.
Accroupis de gauche à droite : Richard
D’Hoeraene et Léon
Mathy.
TOLLEMBEEK (1985).
Debout de gauche à droite : Hans Derdelinckx,
Marc Van Snick et Armand Charmant.
Accroupis
de gauche à droite : Georges Bellemans,
Ronny Bellemans et José Leleux.
BUIZINGEN (1983).
Debout de gauche à droite : Georges Vanhasselt,
Rudy De
Ridder, Marc Vanhasselt et Roland Tournay.
Accroupis de gauche à droite : Daniel Gheys et
Alain Weverbergh.
KERKSKEN (2013)
Debout de gauche à droite :
Pascal Demuylder
David
De Vits.
Accroupis de gauche à droite : Franck Van den
Bulcke,
Samuel Brassart, Eddy Charloteaux et
Benjamin Dochier.
Monsieur Jeu de Balle, Léon CASAERT.
(1978).
Le septuple « Gant d’Or », Benjamin DOCHIER.
(2015)
Cette étude a été réalisée par Francis PAULUS (que nous remercions au passage)
et se termine en 2016.
Texte envoyé par l’auteur le 16/05/2017LA GRANDE GUERRE (1914-1918) ET LES JOUEURS DE BALLE
A. Les joueurs de balle prisonniers en Allemagne
B. Les joueurs de balle internés en Hollande
C. Une grande page philanthropique
A. Quelques camps de prisonniers en Allemagne
- SOLTAU : le camp de Soltau était pendant la première
guerre mondiale, le plus grand
camp de prisonnier
en Allemagne. Il était situé en Basse Saxe, au cœur d’un
triangle composé des 3 villes : Hambourg, Brème et Hanovre.
Ce camp accueillit plus de 70.000 prisonniers qui
arrivaient, entassés dans des wagons à bestiaux, après des
dizaines heures de routes. L’humain était véritablement
réduit à l’état d’objet. La majorité des internés étaient
des prisonniers de guerre français et russes mais il y avait
aussi des Belges.
.
- HOLZMINDEN : Le camp d’internement de Holzminden
était aussi un grand camp de détention de la première guerre
mondiale. Il était situé en périphérie de la petite ville de
Holzminden en Basse Saxe. Il reçut jusqu’à 10.000 internés
civils des nations alliées.
- MINDEN (Minden est une ville en Rhénanie du
Nord-Westphalie), COLLELAGER, CELLELAGER, RUHLEBEN et bien
d’autres encore.
Les contacts directs avec les prisonniers belges dans
les camps allemands s’avérèrent très difficiles, surtout en
1914.
A partir de 1915, on constate une légère amélioration
dans les contacts entre les prisonniers belges et leur
famille ainsi qu’entre prisonniers joueurs de balle et la
Fédération de Pelote et certaines sociétés de balle au gant.
Début 1915, le comité provisoire de la Fédération de balle
pelote contacte par lettre toutes ses sociétés affiliées qui
sont félicitées pour leurs initiatives dont celles
consistant à organiser des luttes de jeu de balle dont les
recettes alimenteraient les caisses dites de secours. La
lettre demande aux responsables de ces sociétés qu’une
partie des recettes soit consacrées à venir en aide à leurs
membres prisonniers dans les camps allemands. A l’effet
d’employer judicieusement
les sommes qui seraient récoltées de cette façon, il est
demandé aux sociétés de bien vouloir communiquer au comité
fédéral le nom et le lieu d’internement de leurs membres
prisonniers.
D’abord à Solteau, les prisonniers forment rapidement
des groupements. A force d’ingéniosité et faute de mieux, on
y fabrique même quelques balles pelote avec les moyens du
bord (chiffons contenant du gravier, réunis en forme de
boule et ficelés, etc.) permettant à nos compatriotes
désoeuvrés de se « distraire » pendant leurs rares temps
libres en pratiquant leurs sport favori : le jeu de balle.
De toutes les lettres venant d’Allemagne, une large place
est réservée à la demande de matériel pour jouer à la balle
(gants usagés et balles). Début de la saison 1916, des
internés à Solteau envoie une lettre à la F.N.J.B.P. lui
demandant l’envoi d’un lot de balles. Dans les autres camps,
les prisonniers font de même. Avec les fonds récoltés sur
les ballodromes belges, la Fédération parvient à acheter et
à envoyer un lot important de balles
qui arrive tant bien que mal au camp de Solteau. Ce
matériel est réparti de la façon suivante :
* camp de Solteau
200 balles
* camp de Holzminden
100 balles
* camp de Cellelager
100 balles
* camp de Minden
50 balles
* camp de Ruhleben
50 balles
Les lettres de remerciements abondent à la Fédération
signalant que l’arrivée de colis de balles et
de gants est aussi appréciée que la réception de
colis renfermant des vivres et du textile.
A la lecture de ces fraternelles missives, on devine
tout le plaisir qu’éprouvent les compatriotes prisonniers de
ne pas se sentir oubliés par leurs amis sportifs restés en
Belgique. Et c’est ainsi que la solidarité aidant, dans le
domaine du jeu de balle, les prisonniers belges dans
certains camps allemands, purent adoucir quelque peu la
rudesse de leur condition.
B.
Les joueurs de balle internés en
Hollande.
Durant les six premiers mois de la Grande Guerre, plus de 30.000
soldats belges se sont retrouvés internés aux Pays-Bas. Ces
soldats sont parmi ceux qui eurent à subir les premiers
chocs de l’invasion allemande. Ils résistèrent 3 mois à
Anvers avant d’y être piégés par l’ennemi. Il ne restait
plus que le choix entre deux solutions : se laisser capturer
par les Allemands ou franchir la frontière néerlandaise pour
se retrouver en pays
neutre. Après avoir été désarmés, les soldats belges furent conduits « manu militari » vers des camps d’internement. Il y a lieu de croire que l’émigration de tout ce monde à partir de la Belgique avait été planifiée et organisée avec l’occupant. L’Allemagne tenait la frontière belgo-hollandaise sous une très étroite surveillance. Le passage de familles entières par les rares portes d’entrée, fuyant devant les malheurs et les dévastations d’une guerre féroce, ne devait donc pas passer inaperçu. Il faut savoir que l’Allemagne tenait la frontière belgo-hollandaise fermée, par une clôture électrifiée quasi infranchissable. Durant cette période de semi-captivité, les internés belges sont répartis dans 4 camps d’Harderwijck, Zeist, Oldenbroeck-Zwolle et Gasterlân.
Dans chacun de ces camps se sont constituées très tôt des
parties de pelote. Au cours de la saison de 1915, des
rencontres au jeu frison contre des adversaires hollandais
ont lieu mais sans grand succès pour les internés belges.
Excellents au rechas, ils accusent une faiblesse marquée à
la livrée, ce qui leur est fatal dans de nombreux cas. C. Une grande page philanthropique
Le monde du jeu de balle a
eu, au cours des années 1914-1918, une admirable attitude
envers les compatriotes touchés par les événements.
Prisonniers, internés, veuves et orphelins de guerre,
mutilés, familles éprouvées, ont pu compter sur les amateurs
de jeu de balle qui, dans la mesure
de leurs moyens devenus aussi fort modestes, ont
contribué à l’amélioration de leur situation matérielle et
morale. Jamais la Fédération ne s’est départie durant toute
la durée de la guerre d’une ligne de conduite tendant à
obtenir un parallélisme entre la pratique du sport ballant
et la philanthropie. C’est le comité provisoire de la
Fédération qui donne l’exemple en lançant dès les premiers
jours de la saison 1915, un appel pour répondre aux demandes
de petit matériel, surtout de balles, émanant de nos
compatriotes prisonniers en Allemagne ou internés aux
Pays-Bas. L’appel fut très bien entendu par les
organisateurs de luttes ou tournois. Les premières sociétés
à se manifester étaient implantées en région bruxelloise
mais bientôt, toutes les sociétés affiliées de province
contribuent, par différents dons, à répondre aux
sollicitations :
- Paume Laekenoise
don de 655 frs 54 et 467 frs 77
- Laekens Saint-Roch
don de 790 frs 58 - Braine-le-Comte don de 5 frs
- Amis de la Balle de Schaerbeek
don de 5 frs
- Pelote Lessinoise
don de 75 balles
- Espoir de Cureghem
don de 50 balles
- Pelote Anderlechtoise
don de 50 balles
- Schaerbeek Rogier
don de 50 balles
- Pelote Club d’Etterbeek
don de 50 balles
- Le joueur Meunier de Lessines
don de 50 balles
- etc. Camille Rasson - 03/05/2017 |
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